Pierre LAFFITTE, les hommages sophipolitains

09 juillet 2021

 


Ils sont nombreux, technopolitains d’hier ou d’aujourd’hui, à rendre hommage à celui qui incarnait Sophia dans sa chair, dans son âme.

«Nous, Sophipolitains, devons tous une grande partie de notre succès à Pierre Laffitte. Inspirant, ouvert, humaniste, il a insufflé une dynamique dans Sophia Antipolis qui ne s’est jamais éteinte et qui rayonne partout dans le monde. En regardant la nuit de la Côte d’Azur, nous pourrons voir son étoile malicieuse briller sur nous. Merci Pierre pour ce que vous avez donné ». Les mots d’Alice Guilhon témoignent de la secousse ressentie sur la première technopole d’Europe, qui, il y a 52 ans, naissait d’un esprit visionnaire, le sien.

 

Sans doute un peu plus ému encore, Farouk Raïs, son collaborateur, fidèle sur deux décennies de vies partagées. « J’ai travaillé plus de 20 ans aux côtés de ce grand homme et je ne me suis jamais ennuyé une seconde. Des souvenirs marquants, je retiens son appel pour mobiliser lors du tsunami de 2004 pendant lequel des Sophipolitains ont disparu et sa défaite lors des sénatoriales de 2008. Des souvenirs plus joyeux, le Yad Vashem en 2007 pour ses proches Emile Hugues et Lucie Hugues-Laffitte-Fink et son mariage avec Isabelle. Je retiens l’intelligence et la facétie d’un homme qui est toujours resté ouvert d’esprit, jeune, curieux et avide de projets… pas pour lui mais pour le collectif, pour la communauté. Un profond respect pour un homme que je n’ai jamais pu, malgré sa volonté, tutoyer. »

 

« Un magicien »

Jean-François Carrasco est courroucé, devant le silence dédaigneux des médias nationaux. Un courroux légitime rempli d’une tendresse qu’il ne peut cacher, mais qu’il masque de pudeur et de justesse. « Pierre Laffitte, cet homme chez qui tout est hors de proportions : une main énorme à étreindre, des lèvres qui semblent faites pour des discours sans fin, des sourcils qui ponctuent des yeux toujours espiègles mais parfois, le temps d’une fraction de seconde, pleins de farouche décision et capables de vous faire plier. Mais pas que. Enorme son enthousiasme, énormes ses convictions, énorme ce chemin parcouru qui chez lui n’aura toute sa vie été que la course d’élan préfigurant un saut permanent vers l’infini. Cet homme était art et poésie dans sa posture de bâtisseur, un Niemeyer qui aurait mangé un Leiris, il avait du Breton, du Borges et du Picasso en lui, il avait le geste, l’oralité, la mémoire, la fidélité, quelques rancœurs tout de même. La grâce en somme. Il a élevé des dizaines de pieds tendres venus à lui par des chemins divers, il a dessiné pour eux, parlé pour eux, inventé pour eux. Il a vu Amadeus, Toyota et l’INRIA là où seuls les oliviers chétifs le disputaient à la caillasse têtue. Il a tissé le réseau infini de ses synapses autour de la planète et semé des graines sur tout le chemin, arrosé les fleurs qui en grandissaient et averti le monde comme Dali pour qu’il s’en extasie. Cet homme que le JT de TF1 va somptueusement ignorer était un magicien. Il a fait de Sophia Antipolis un rêve universel partagé et diffusé, une réalité parfois âpre et cabossée par la réalité peu amène des « visions sérieuses » des autres. Ces autres à qui il a toujours tout donné alors qu’eux l’ont parfois trahi. Que chaque centimètre carré de ce territoire béni se souvienne, que chaque olivier ou chêne parle au vents qui portent souffles et idées, que chaque étudiant apprenne à qui il doit une bibliothèque ou un fablab… J’ai grandi grâce à lui, j’ai fait grandir mes enfants parce que j’avais pu moi-même grandir, je veux encore faire grandir d’autres espoirs à deux pattes. Au chœur des voix officielles, je joins mon murmure et mon clin d’oeil comme on se les partageait parfois devant un ministre dans son bureau parmi ses livres. Ceux qui l’ont aimé se reconnaissent et le feront longtemps encore. »

 

Le monde entrepreneurial pur et dur lui-aussi est touché au cœur. « A Sophia Antipolis, beaucoup de projets vertueux restent guidés par le souffle et la force du visionnaire qu’il était. Quelle que soit l’actualité, on est surpris de voir à quel point elle semble réciter ce qu’il avait imaginé ou prévu il y a plus de 50 ans. Les connaissances ont trouvé dans la période avec le Cloud un allié précieux pour favoriser une large diffusion des savoirs, le Cloud a sa place dans sa vision d’une fertilisation croisée qui rapproche les entrepreneurs, les  chercheurs, les enseignants et les citoyens », souligne Francesco de Simoni, directeur général de TAS France.

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